NOTIONS ELEMENTAIRES DE LA THEORIE DES ENSEMBLES ET DE TOPOLOGIE
 

4ème partie

 


 

 

 

1- Intervalles

 

 

Soit E un ensemble ordonné par une relation d’ordre, notée .

 

La relation d’ordre strict qui en découle sera notée <.

 

Soit deux éléments a, b de E tels que a ≤ b.

 

On appelle intervalle fermé d’origine a et d’extrémité b, l’ensemble des éléments x de E tels que a ≤ x ≤ b.

 

On note :

 

 

Soit maintenant a < b.

 

On appelle intervalle ouvert d’extrémités a et b, l’ensemble des éléments x de E tels que a < x < b.

 

On note :

 

 

On appelle intervalle semi-ouvert à droite (ou semi-fermé à gauche) d’origine a et d’extrémité b, l’ensemble des éléments x

de E tels que a ≤ x < b.

 

On note :

 

 

On appelle intervalle semi-ouvert à gauche (ou semi-fermé à droite) d’origine a et d’extrémité b, l’ensemble des éléments x

de E tels que a < x ≤ b.

 

On note :

 

 

 

2- Majorants et minorants

 

 

Soit (E , ≤) un ensemble ordonné et A une partie non vide de E.

 

On notera d’abord que les écritures x ≤ y et y ≥ x sont synonymes.

 

 

S’il existe un élément a de E tel que :

 

 

alors on dira que a est un majorant de A.

 

Dans ce cas on dira que A est majorée.

 

 

S’il existe un élément b de E tel que :

 

 

alors on dira que b est un minorant de A.

 

Dans ce cas on dira que A est minorée.

 

 

On dira que la partie A de E est bornée si et seulement si elle est simultanément minorée et majorée.

 

Exemples :

 

On a vu que N est ordonné par la relation de divisibilité notée | .

 

Soit une partie A = {a , b} de N, avec a et b différents.

 

Pour la relation d’ordre | , tout multiple commun à a et b est un majorant de A et tout majorant de A est

multiple commun à a et b.

 

De même, tout diviseur commun à a et b est un minorant  de A et tout minorant de A est
un diviseur commun à a et b.

 

Donc A est bornée pour cette relation d’ordre.

 

Soit (R , ≤) l’ensemble des nombres réels ordonné.

 

 

 

Donc pour la relation d’ordre ≤ , b est un majorant de ]a , b[.

 

De même, a est un minorant de ]a , b[.

 

Donc ]a , b[ est borné.

 

 

 

3- Elément maximum et élément minimum

 

 

Soit (E , ≤) un ensemble ordonné et A une partie non vide de E.

 

 

S’il existe un majorant a de A vérifiant :

 

 

alors on dira que a est élément maximum de A . Il sera noté :

 

 

S’il existe un minorant b de A vérifiant :

 

 

alors on dira que b est élément minimum de A . Il sera noté :

 

 

 

Exercice

 

Montre que si A possède un élément minimum et un élément maximum, alors ces éléments sont uniques.

 

Pour la relation d’ordre naturel ≤ dans N, on a les deux propriétés qu’il est bon de retenir :

 

 

 

 

Toute partie non vide de N admet un élément minimum :

 

 

 Toute partie non vide et majorée de N admet un élément maximum :

 

 

 

4- Borne supérieure et borne inférieure

 

 

Soit (E , ≤) un ensemble ordonné et A une partie non vide de E.

 

 

Si l’ensemble M des majorants de A n’est pas vide et admet un élément minimum, ce dernier est alors
nommé borne supérieure de A et se note :

 

 

On a donc :

 

 


Si l’ensemble N des minorants de A n’est pas vide et admet un élément maximum, ce dernier est alors
nommé borne inférieure de A et se note :

 

 

On a donc :

 

 

Lorsqu’ils existent, infA et supA sont uniques.

 

 

Lorsqu’un majorant de A appartient à A, il est simultanément maxA et supA.

 

De même lorsqu’un minorant de A appartient à A, il est simultanément minA et infA.

 

Exemples :

 

Soit N ordonné par la relation de divisibilité et soit A = {a , b} une partie non vide de N.

 

 

L’ensemble M des majorants de A est l’ensemble des multiples communs à a et b.

M admet un élément minimum qui est le plus petit multiple commun à a et b, noté ppmc(a,b).

 

Donc on a :

 

 

L’ensemble N des minorants de A est l’ensemble des diviseurs communs à a et b.

N admet un élément maximum qui est le plus grand diviseur commun à a et b, noté pgdc(a,b).

 

Donc on a :

 

 

Exemple :

 

Soit (R , ≤) l’ensemble des nombres réels ordonné par la relation ≤ .

 

Soit l’intervalle A =  ]0 , 1[. A est une partie non vide de R.

 

L’ensemble M des majorants de A est l’intervalle :

 

 

De plus  min M = 1 ; donc sup A = 1.

 

Aucun élément de M n’appartienne à A ; donc A ne possède pas un élément maximum.

 

 

Exercice

 

La partie A de R telle que définie immédiatement ci-dessus est-elle minorée ?

Possède-t-elle un minimum ?

 

 

Exercice

 

Soit P(E) l’ensemble des parties d’un ensemble E, ordonné par la relation d’inclusion et soit
F = {A , B} une partie de P(E).

 

L’ensemble M des majorants de F est défini par :

 

 

Montre que l’on a :

 

 

Définis par compréhension l’ensemble N des minorants de F et montre que l’on a :

 

 

 

 

5- Topologie de la droite réelle R

 

R étant l’ensemble des nombres réels.

 

On dit qu’un sous-ensemble A de R est ouvert s’il est vide ou si, pour tout x élément de A, il existe au moins
un intervalle ouvert de R contenant x et contenu dans A
.

 

Autrement dit, un ouvert de R est un ensemble qui est une réunion d’intervalles ouverts.

 

De cette définition découlent immédiatement les propriétés suivantes :

 

Toute réunion (finie ou non) d’ouverts de R est un ouvert de R 

 

Toute intersection finie d’ouverts est un ouvert de R 

 

R et l’ensemble vide sont des ouverts.

 

 

Si on note O l’ensemble des ouverts de R, alors on dira que O est une topologie de la droite réelle R.

 

 

Exemples :

 

1)

 

Tout intervalle ouvert est un ensemble ouvert.

 

Démontrons cette assertion.

 

Soit un intervalle ouvert quelconque ]a , b[ inclus dans R.

 

Soit un élément x quelconque de cet intervalle.

 

On a donc a < x < b.

 

Que peux-tu dire de l’intervalle défini par :

 

 

En déduis que ]a , b[ est ouvert.

 

2)

 

La réunion des intervalles ouverts ]n , n+1[ où n est un élément  de Z est un ensemble ouvert.

 

3)

 

Soit dans R l’ensemble défini par :

 

 

Montre que cet ensemble est un ouvert.

 

4)

 

Soit I = [a , b] un intervalle fermé de R. Montre que I n’est pas un ouvert.

 

Montre également que tout intervalle semi-ouvert n’est pas un ouvert.

 

 

Remarque importante 

 

Il est faux que l’intersection d’une infinité d’ouverts de R soit toujours un ouvert.

 

Par exemple, on donne les intervalles ouverts définis par :

 

 

Quel est l’intersection de tous ces ouverts ?

Est-elle
un ouvert ?

 

 

Exemple :

 

Soient les intervalles de R définis par :

 

 

Montre que leur réunion est un ouvert et que leur intersection ne l’est pas.

 

 

 

On dit qu’un sous-ensemble A de R est fermé lorsque sa partie complémentaire :

 

 

De chacune des trois propriétés ayant défini ci-dessus une topologie de R découle donc les propriétés suivantes :

 

Toute intersection, finie ou non de fermés est un fermé 

 

Toute réunion finie de fermés est un fermé ;

 

R et l’ensemble vide sont des fermés.

 

 

Exemple :

 

Montre que tout intervalle fermé de R est un fermé.

 

 

Remarque importante

 

Un ensemble peut n’être ni un ouvert, ni un fermé ; c’est le cas, par exemple, de l’ensemble Q des nombres rationnels.

 

 

 

Voisinage d’un point réel

 

On appelle voisinage d’un point x de R tout sous-ensemble V de R contenant au moins un ouvert contenant x.

 

Autrement dit, V est voisinage de x élément de R si et seulement si V contient un intervalle ouvert contenant x.

 

Exemple :

 

Tout ensemble ouvert A est voisinage de chacun de ses éléments.

Réciproquement, tout ensemble A qui est voisinage de chacun de ses éléments est une réunion d’intervalles ouverts,
donc est ouvert.

 

Exercice

 

Soient x et y deux réels distincts quelconques et supposons que x < y.

 

Montre qu’il existe un voisinage Vx  de x et un voisinage Vy  de y tels que :

 

 

Remarque

 

Le sens mathématique de la notion de voisinage d’un point réel diffère de celui du langage courant.

En effet ce point réel peut posséder plusieurs voisinage dont R.

 

 

 

 

6- Distance dans R

 

Soit E un ensemble quelconque.

 

E est dit espace métrique si et seulement s’il existe une application, notée

d(x , y), de E × E = E2  dans R+ possédant les propriétés suivantes :

 

 

L’application d est appelée distance sur E et la quantité positive d(x , y) est appelée distance des points x et y.

 

 

Exercices

 

1)

 

Montre que l’application f de R2 dans R+ définie par :

 

 

donc que R est un espace métrique.

 

2)

 

Montre que si d est une distance sur E, alors pour tous x, y, z éléments de E :

 

 

 

 

Dans tout ce qui suit on prendra E = R et comme distance sur R,
la valeur absolue telle que définie ci-dessus.

 

 

 

 

 

On appelle boule ouverte (resp : boule fermée) de R, de centre a, de rayon r,

 

 

On appelle sphère de centre a et de rayon r ≥ 0 la partie de R notée S(a , r) dont les éléments sont les réels x tels que
d(a , x) = | x –a | =  r
.

 

Ainsi, une boule ouverte (resp. boule fermée) de l’espace métrique R muni de la distance d définie ci-dessus
n’est autre qu’un intervalle ouvert (resp. intervalle fermé)
.

 


La sphère de entre a et de rayon r n’est autre que l’ensemble pair :

 

 

L’ensemble O des intervalles ouverts de R muni de la distance d : d(x , y) =  | x – y | vérifie les trois propriétés suivantes :

 

L’intersection finie d’intervalles ouverts est un intervalle ouvert ;

 

La réunion finie ou non d’intervalles ouverts est un ouvert ;

 

R et l’ensemble vide sont des intervalles ouverts.

 

On dira que O est une topologie de R associée à la distance d.

 

 

Soient A, B deux parties quelconques de R.

 

On appelle distance de A et B, notée d(A , B), la borne inférieure de l’ensemble des réels positifs d(x , y) = | x – y |
quand x, y parcourent respectivement A et B.

 

Donc on a :

 

 

Si A = {a}, cette distance se nomme distance du point a à l’ensemble B et est notée : d(a , B).

 

 

Propriété

 

 

Remarque

 

d(A , B) n’est pas une distance sur l’ensemble des parties de R.

 

Par exemple d(A , B) = 0 n’implique pas A = B.

 

 

 

Diamètre d’une partie de R

 

On appelle diamètre d’une partie A de R, la borne supérieure, notée :

 

 

de l’ensemble des distances d(x , y) =  | x – y |x et y parcourant tous les éléments de A.

 

On admettra que A est bornée lorsque son diamètre est un réel positif fini. Dans le cas contraire on posera :

 

 

Exercice

 

 

Montre que tout intervalle I de R, fermé ou ouvert, de rayon r, a un diamètre égal à :

 

 

 

 

7- Points d’accumulation, points intérieurs et extérieurs, adhérence

 

Si A est un sous-ensemble de R, un point a appartenant à R est dit point d’accumulation de A
si et seulement si
tout voisinage de a contient au moins un élément de A différent de a.

 

On admettra sans démonstration que si a est un point d’accumulation de A, alors il existe dans tout voisinage de a
une infinité
de points de A différents de a.

 

Remarque importante :

 

Un point d’accumulation d’une partie A de R n’appartient pas nécessairement à A.

 

Exercices

 

1)

 

Soit A la partie de R définie par :

 

 

Montre que 0 est point d’accumulation de A.

 

2)

 

Montre que 0 et 1 sont des points d’accumulation de ]0, 1[.

 

 

On admettra sans démonstration que toute partie fermée de R contient ses points d’accumulation.

Inversement, toute partie de R contenant ses points d’accumulation est fermé.

 

 

 

 

Soit A une partie de R. Un point b appartenant à A est dit isolé si et seulement si b n’est pas un point d’accumulation de A.

 

Autrement dit, x est un point de A possédant au moins un voisinage V tel que :

 

 

Exercice

 

 

Montre que les points isolés de A sont les entiers naturels largement supérieurs à 2.

 

 

Si A est un sous-ensemble de R, un point a appartenant à R est dit point intérieur à A s’il existe au moins
un intervalle ouvert de centre a, inclus dans A.

 

L’ensemble des points intérieurs à A se nomme intérieur de A et se note :

 

 

Exercices

 

 

1)

 

Montre que l’on a, pour toute partie de R :

 

 

2)

 

Montre que l’on a, pour toutes parties A, B de R :

 

 

3)

 

On donne un intervalle I = [a , b] de R.

 

Trouve l’intérieur de I.

 

 

4)

 

Montre que si une partie A de R est un ouvert, alors :

 

 

5)

 

Montre que pour toute partie A de R, l’intérieur de A est un ouvert.

 

 

 

Propriété

 

 

Remarque

 

Si A = {a , b} est un ensemble de deux réels quelconques a et b, alors l’intérieur de A est l’ensemble vide.

 

 

On dit qu’un point a de R est extérieur à une partie A de R s’il est intérieur au complémentaire R – A de A.

 

L’intérieur de (E – A) se nomme extérieur de A.

 

Donc l’extérieur de A est un ouvert.

 

 

On dit qu’un point a de R est adhérent à une partie A de R si tout voisinage de a rencontre A.

 

L’ensemble de tous les points adhérents à A se nomme adhérence de A et se note :

 

 

Exercices

 

 

1)

 

Montre que pour toute partie A de R, l’adhérence de A est un fermé.

 

 

2)

 

Montre que pour toute partie A de R, l’adhérence de A est le complémentaire de l’extérieur de A ; c’est-à-dire :

 

 

 

Propriété

 

Pour qu’une partie A de R soit égale à son adhérence, il faut et il suffit que A soit un fermé.

 

 

 

Un point a de R est dit frontière d’une partie A de R s’il est adhérent à la fois à A et à R – A.

 

 

L’ensemble des points frontières de A se nomme la frontière de A et se note Fr(A).

 

 

Ainsi, on a :

 

 

Exercice

 

Montre que pour toute partie A de R :

 

 

fin de la quatrième partie

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